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La Matanza ou Massacre de la Escuela Santa María d'Iquique

Pendant tout le fonctionnement des mines de salpêtre, un mode de vie très spécial s’installe. Dans un premier temps, les enrôleurs promettaient de grands bénéfices à quiconque désirait s’aventurer dans cette entreprise. Beaucoup de paysans et de vétérans de la Guerre du Pacifique partiront en direction des campements. Des ouvriers boliviens et péruviens s’intègrent aussi aux contingents de travailleurs.

Tous ces gens se mélangeaient dés lors avec les ingénieurs et techniciens anglais et nord-américains.
Ce travail en commun dans un milieu aride hostile fera se développer ce que l’on appelle aujourd’hui la culture de la Pampa. Un langage riche se développait, une religiosité propre et une attitude de résistance face aux intempéries et aux conditions extrêmes de travail.
Le système de fiches réduisant principalement le pouvoir d’achat du travailleur et la discipline sévère des camps poussèrent les individus à s’organiser socialement. Il y eut plusieurs mobilisations et la plus tragique fut sans aucun doute celle de la Matanza ou Massacre de l’École Santa María d’Iquique. Lors du mandat du Président Pedro Montt, un mouvement social naît chez les ouvriers de la Pampa demandant l’amélioration de leurs conditions de travail. À la fin de l’année 1907, plus de 30 bureaux paralysèrent leurs activités. Les travailleurs partirent en train, accompagnés des femmes et des enfants, en direction d’Iquique. Leur intention était de parlementer directement avec les autorités. Réfugiés dans l’École Santa María d’Iquique, ils décidèrent d’y rester, malgré l’ordre d’évacuation des forces de l’ordre. Le général en service Roberto Silva Renard donna l’ordre de tirer et les rafales de mitraillettes se firent sentir. Plus de 2000 personnes, entres autres femmes et enfants furent massacrés ce jour-là.
En 1924, les travailleurs du salpêtre obtiendront finalement des lois portant sur l’amélioration de leurs conditions de travail. Ces individus possédaient un indice prononcé d’alphabétisation et une impressionnante capacité d’organisation. Ils furent donc les précurseurs de nombreux mouvements sociaux et de résistance. Il est important de savoir que le premier parti ouvrier socialiste naîtra le 4 juin 1912 à Iquique. L’apparition du salpêtre synthétique sonnera le coup de grâce pour les différents bureaux de salpêtre. En 1960, Santa Laura et Humberstone ferment leurs portes laissant derrière eux une grande partie de l’histoire industrielle et sociale du Chili.
Marcha_obrera_en_Iquique,_1907